
Salon de départ de la Fête de la culture de l’Ontario | Épisode 2: Gestion du tourisme
[Shawn Newman]
Bonjour! Bienvenue au Salon de départ de la Fête de la culture de l’Ontario, un cours audio en baladodiffusion conçu pour vous informer des tenants et aboutissants, des tendances et des obstacles du tourisme culturel en Ontario. Je suis votre animateur Shawn Newman, en direct de Tkaronto.
La pandémie de la COVID-19 a été un coup dévastateur aux secteurs des arts et de la culture, ainsi qu’au tourisme. Aujourd’hui, après deux ans, nous voyons les dirigeants de ces deux industries se rassembler de façon novatrice afin de travailler au rétablissement et à la reconstruction. Ce podcast créé par la Fête de la culture de l’Ontario est l’un des moyens par lesquels nous espérons rapprocher et soutenir la collaboration entre ces deux secteurs.
Vous croyez peut-être que le tourisme et le secteur des arts et de la culture ont beaucoup en commun, et nous sommes d’accord. Cependant il existe des différences fondamentales entre ces deux industries malgré qu’ils aient beaucoup en commun. Au cours de cette série, nous allons explorer les idées au cœur du tourisme culturel, nous relierons ces concepts aux arts et nous écouterons des professionnels sur le terrain.
Ce cours audio s’adresse aux travailleurs et organisations du secteur des arts et de la culture. Cependant nous vous invitons tous à écouter et à apprendre avec nous. Ce podcast, sa transcription, et les ressources que nous mentionnerons sont tous disponibles sur le site web de la Fête de la culture de l’Ontario. Que vous soyez nouveau dans le secteur du travail touristique de l’Ontario, ou si vous cherchez tout simplement de l’inspiration, le Salon de départ de la Fête de la culture de l’Ontario a quelque chose pour vous.
Dans cet épisode, nous allons parler de la gestion du tourisme en vous présentant certaines des structures touristiques de l’Ontario. Dans la première partie, nous définirons certains termes afin que nous soyons tous sur la même page quant à ce qu’est le tourisme et qui sont les touristes. Nous parlerons également de la structure touristique en Ontario et des types d’organismes de services qui existent. Dans la deuxième partie de l’épisode, nous parlerons avec des professionnels qui font un travail exceptionnel sur le terrain. Nous espérons qu’en les écoutant, vous serez non seulement inspiré à vous engager encore plus dans le secteur, mais aussi à voir comment les idées présentées peuvent s’appliquer à votre propre travail.
En plus de ce podcast, nous avons compilé des ressources et histoires sur le tourisme culturel et sur les nouveautés en matière de collaboration à travers différents secteurs et différentes communautés autour du monde. Ce balado et les ressources que nous mentionnons sont tous disponibles sur le site web de la Fête de la culture de l’Ontario.
Allons-y!
Tout d’abord, qu’est-ce que le tourisme exactement? Ça dépend à qui vous demandez. En général, on entend par tourisme l’activité économique liée au voyage, quel que soit le but du voyage. Il peut s’agir de voyages d’agrément ou d’affaires. Même des activités aussi banales que la visite d’amis ou de parents sont considérées comme des formes de tourisme. Le secteur, dans son ensemble, comprend toutes les activités et organisations qui fournissent des biens et services facilitant les déplacements des touristes. Ces activités économiques contribuent à créer la demande en attirant les touristes et en répondant à tous les besoins des voyageurs.
Deuxièmement, qu’est-ce qu’un touriste? Du point de vue de l’industrie, un touriste est généralement défini comme une personne qui, contrairement aux habitants ou ceux qui font la navette, quitte son domicile pour un voyage d’au moins une nuit, que ce soit pour affaires, loisirs ou d’autres raisons personnelles telles que la visite d’amis ou de parents. Même les gens qui retournent à l’endroit où ils ont grandi, mais ne vivent plus, sont considérés comme des touristes. C’est ce qu’on appelle le voyage VFR (en anglais, Visiting friends and relatives). Ainsi, chaque fois que vous quittez votre domicile et que vous vous rendez dans un autre endroit pour y passer la nuit, vous êtes un touriste!
Vous entendrez parfois des termes qui désignent le secteur du tourisme comme “l’économie des visiteurs”. Cette perspective adopte une définition plus large et prend en compte l’impact économique de tous les visiteurs, y compris les visiteurs locaux, qui sont de passage et qui ne restent pas pour la nuit. Dans cette série, nous utilisons de manière interchangeable les termes touriste et visiteur. Dans un prochain épisode, nous détaillerons les différents types de visiteurs culturels, dont ceux qui voyagent dans le but spécifique d’assister à un évènement culturel, tandis que d’autres s’y trouvent simplement par hasard et choisissent de prendre part à l’expérience. Comprendre ces différences et leurs motivations est évidemment très important d’un point de vue marketing. Mais pour l’instant, nous parlons de tourisme en général.
Troisième point sur notre liste: comment fonctionne le secteur touristique? Plus précisément, quels sont les principaux acteurs et organisations avec lesquels, les gens travaillant dans le domaine des arts et de la culture, sont susceptibles d’interagir? Je dois admettre que naviguer parmi tous ces acronymes peut être assez décourageant. Sur le site web de la Fête de la culture de l’Ontario, nous avons fourni un glossaire de ces termes. Vous pouvez le télécharger et le consulter au fur et à mesure. Tout ça servira de point de départ aux discussions plus approfondies qui suivront tout au long de cette série.
Le type d’organisation le plus courant dans le secteur sont les OMD, soit Organisation de marketing de destination. En général, les OMD font la promotion d’une destination afin d’attirer les voyageurs à l’échelle nationale, provinciale, territoriale, régionale ou locale. Par exemple, Destination Canada, Destination Ontario et Destination Toronto sont toutes des OMD. Et en Ontario, le ministère provincial a identifié 13 organisations touristiques régionales, ou OTR. Mais nous pouvons considérer ces 13 OTR comme des OMD.
C’est déjà un peu compliqué, mais plus tard, ces acronymes seront utiles!
Certains OMD sont également impliqués au-delà du marketing en contribuant à la planification et à la gestion des produits touristiques offerts par une destination. À ce titre, les OMD contribuent à l’élaboration de stratégies visant à rendre les destinations plus compétitives et durables, en tenant compte des préoccupations en matière d’équité sociale et de développement économique, ainsi que des questions environnementales. C’est ainsi qu’on peut également les désigner sous le nom d’organisations de gestion des destinations. Ainsi, bien qu’il existe deux types distincts de OMD – le marketing et la gestion – leurs activités peuvent être entrelacées. Cela signifie que pour le secteur des arts et de la culture, il est important de savoir si les OMD de votre région se concentrent sur le marketing, la gestion ou les deux.
Ainsi, nous avons des OMD qui peuvent être à différents niveaux de la communauté, et nous avons des OTR en Ontario qui sont également des OMD. Et si l’acronyme OMD est le plus largement utilisé, au niveau local, vous pouvez également rencontrer des BCV, ou Bureaux des congrès et des visiteurs, qui sont des OMD au niveau municipal.
Les autres groupes importants dans le domaine touristique sont les associations professionnelles telles que l’Association de l’industrie touristique du Canada (AITC), l’Association de l’industrie touristique de l’Ontario (AITO), ainsi que les associations sectorielles telles que Festivals & Events Ontario ou Attractions Ontario. Il existe également de nombreux groupes privés dans le domaine du tourisme, comme les voyagistes ou les entreprises de gestion de destinations, qui peuvent vous aider à attirer des visiteurs dans votre communauté et dans des lieux d’intérêt, aussi appelés attractions, afin de promouvoir la valeur naturelle, culturelle ou de divertissement de votre communauté.
Malgré que le secteur des arts et de la culture ne se considère pas nécessairement comme une attraction touristique, le fait de recadrer vos activités et votre programmation sous cet angle, vous permettra d’envisager ce que vous faites comme faisant partie de l’écologie du tourisme. Et le fait de pouvoir parler le langage touristique vous ouvrira des portes, des ressources, des partenaires et des collaborations qui vous seront bénéfiques à vous et à votre organisme.
Pris ensemble, ces trois éléments – ce qu’est le tourisme, qui est le touriste et comment fonctionne le tourisme – vous donnent un aperçu du secteur. Il y a bien sûr beaucoup de nuances et de spécificités locales à prendre en compte. Généralement, lorsqu’on parle de tourisme, on fait référence à la somme de tous les produits et services proposés, consommés et qui soutiennent l’activité touristique de manière directe et indirecte. Parmi les composantes les plus populaires du tourisme en tant qu’activité et secteur, sont les réservations et le marketing, le transport, l’hébergement et la restauration. De plus, et surtout très important pour nous, les attractions naturelles, culturelles et artistiques, les visites de destinations, le magasinage, les événements, etc. Tous ces éléments font partie du secteur touristique.
Nous pouvons constater que le secteur est dynamique et compétitif! Avant la pandémie, il représentait plus de 10% de l’emploi et du PIB mondial, ainsi que 6% du PIB du Canada. En Ontario, le secteur du tourisme, de la culture et du patrimoine a généré 43,7 milliards de dollars d’activité économique, soit 4,9% du PIB de l’Ontario pour l’année 2019 seulement. De toute évidence, c’est un des moteurs principaux de l’économie provinciale. C’est une industrie qui exige que l’on puisse toujours s’adapter aux besoins et désirs des visiteurs. Pour attirer des voyageurs de l’extérieur du Canada, il faut une bonne compréhension des tendances et spécificités internationales. Aujourd’hui, plus que jamais, la clé du succès c’est de proposer des expériences agréables, uniques et différentes dans un environnement sécuritaire.
Cependant, malgré son importance économique, l’industrie touristique n’est pas toujours prise au sérieux. Certains le considèrent même comme un secteur frivole – comme on le fait souvent avec le secteur des arts et de la culture. Par conséquent, les stratégies nationales et provinciales peuvent souvent manquer de cohérence. Certains aspects manquent même de soutien ou de direction, et les objectifs sont souvent d’augmenter le nombre de voyageurs plutôt que de se concentrer sur la qualité de l’expérience. Pour le Forum économique mondial, Brian Mullis croit que l’industrie et les gouvernements doivent comprendre que “se focaliser simplement sur l’achalandage est problématique et crée des effets négatifs qui réduisent la qualité (et la valeur) de l’expérience des voyageurs et des visiteurs.” C’est pour cette raison que nous avons parlé du tourisme régénératif dans le premier épisode. Comprendre comment le tourisme évolue, et les valeurs que nous partageons tous, nous permet de mieux contribuer aux communautés dans lesquelles nous vivons et travaillons.
La citation de M. Mullis nous rappelle que le secteur des arts et de la culture doit également rendre compte souvent par des mesures purement quantitatives. Nos structures de rapport aux gouvernements et aux subventions sont si fortement axées sur le nombre de participants ou de billets vendus plutôt que sur l’expérience offerte. Nous avons donc un autre point en commun avec l’industrie touristique: comment pouvons-nous tirer parti de nos connaissances partagées et de nos difficultés à démontrer notre impact au-delà des statistiques, et élaborer des stratégies de collaboration qui illustrent mieux notre histoire?
Bien sûr, pour travailler dans une approche collaborative avec le tourisme, il est essentiel d’apprendre à connaître les autres organisations professionnelles et institutionnelles présentes dans votre région.
(musique de transition)
Maintenant, pour un bref rappel, dans la première partie de cet épisode sur la gestion du tourisme, nous avons défini certains termes relatifs à ce qu’est le tourisme et qui sont les touristes. Nous avons également parlé de la structure du secteur du tourisme en Ontario et nous vous avons parlé des différents types d’organismes de services touristiques qui existent. Vous trouverez sur notre site web les transcriptions des deux parties de cet épisode et des ressources supplémentaires pour accompagner ce cours audio.
Dans cette deuxième partie de l’épisode, nous allons vous présenter six professionnels et experts du tourisme culturel qui vivent et travaillent ici en Ontario. Ces personnes se joindront à nous tout au long de cette série pour partager leur expertise et leurs expériences de travail dans le domaine du tourisme culturel. Sur notre site, vous trouverez de plus amples renseignements à propos d’eux et de leurs organisations. J’ai parlé avec chacune de ces personnes exceptionnelles par Zoom, et pendant le reste de la série, vous entendrez un amalgame de mes conversations avec elles, organisées autour du thème de chaque épisode.
Quelle que soit la région où ils se trouvent ou le type d’organisation dans laquelle ils travaillent, l’une des choses que je tenais à savoir c’est comment ils s’y prennent pour comprendre qui participe à leurs évènements. Tova Arbus est la réalisatrice artistique de Fringe North à Bawaating, également connu sous le nom de Sault Sainte-Marie, qui se trouve sur le territoire Anishinaabek et au sein de la nation métisse. On a discuté de certaines difficultés rencontrées par de très petites organisations pour recueillir des données sur leurs visiteurs. Cependant, elle et son équipe ont trouvé des moyens créatifs de le faire qui comprennent certains éléments importants du tourisme régénérateur.
[Tova Arbus]
Dans le passé, nous avons utilisé des outils tels que des sondages à l’entrée demandant aux gens d’identifier d’où ils proviennent, de nous faire part de leurs commentaires, pour ensuite faire un suivi de ces données. Je trouve que c’est une façon très basique de procéder et ça ne permet pas toujours de comprendre en profondeur la raison pour laquelle la personne s’est déplacé et qu’est-ce qui l’a poussé à s’engager dans notre événement – ce que personnellement je crois qu’il faut savoir si l’on veut l’encourager à revenir.
C’est bien que quelqu’un s’arrête une fois et dise “voici mon code postal”, mais c’est une toute autre chose de dire “je suis venu ici avec une intention, voici ce que c’est, et voici ce pourquoi je reviendrais”. Vous savez, comme je l’ai mentionné, nous avons plusieurs sondages et formulaires de commentaires que nous distribuons; mais ça laisse un peu à désirer.
J’essaie donc d’orienter les choses vers une opportunité plus relationnelle, de sorte que nous organisions régulièrement des discussions avec les artistes et des points de rencontre pour accueillir les spectateurs, afin qu’ils puissent également partager leurs expériences.
Ensuite, nous sélectionnons des gens au sein de notre équipe pour discuter avec les spectateurs, leur poser quelques questions clés sur le pourquoi de leur visite. Ensuite, on discute des raisons pour lesquelles ils reviendraient, sur ce qu’ils aimeraient voir ou sur quoi ils ont accroché cette fois-ci et qui donnerait envie de revenir et de participer à nouveau. C’est ainsi que nous allons essayer d’interagir un peu plus en personne cette année.
Par le passé, nous nous sommes également appuyés sur les centres touristiques locaux et sur la ville pour nous aider à compiler les statistiques de manière générale: observer la croissance des touristes qui passent par Sault Sainte-Marie, déterminer si c’est une escale de l’ouest ou de l’est, ou s’ils avaient l’intention de rester, et s’il s’agit d’une visite urbaine, s’ils ont participé aux activités artistiques et culturelles ou s’ils ont passé du temps dans la nature, qui sont généralement les deux raisons pour lesquelles les gens viennent à Sault Sainte-Marie.
[Shawn]
Vous avez entendu dire que les mesures conventionnelles telles que les sondages et autres outils de collecte de données sont insuffisantes alors que Fringe North recherche un profil encore plus détaillé de ses visiteurs. L’un des moyens utilisés par Tova et Fringe North pour la cueillette des données c’est de collaborer avec la ville. Nous avons également souligné l’importance de la relation avec leurs visiteurs. Comme nous le savons, c’est une caractéristique clé du tourisme régénérateur.
En parlant des visiteurs du Woodland Cultural Centre, la directrice générale Janis Monture a décrit qui ils sont et l’impact qu’ils ont sur la communauté. Elle a également décrit certaines des façons dont les relations avec la communauté locale permettent d’orienter les visiteurs vers d’autres secteurs de la région. Le Woodland Cultural Centre se trouve sur le territoire des Six Nations de Grand River, qui se trouve également dans la ville de Brantford, dans le sud de l’Ontario.
[Janis Monture]
Je pense que dans une année typique, pré-COVID, la majorité de nos visiteurs proviennent d’un rayon d’une heure de route – des gens de la grande région de Toronto, de Hamilton, de Niagara, de London, de Kitchener, de Waterloo, de la région de Kitchener-Waterloo, ou des gens qui visitent leurs amis ou de la parenté. Je dirais donc que ça demeure une grande partie de notre clientèle, qui représente probablement environ 70% de nos visiteurs. Lorsque des amis, des membres de la famille et des proches viennent nous rendre visite, ils les amènent sur notre site pour regarder et apprendre la culture et l’histoire indigènes propres à cette région.
Nous accueillons également des visiteurs internationaux, principalement pendant les mois d’été. Beaucoup d’entre eux viennent pour la journée, nous les voyons venir sur notre site pour quelques heures, puis ils se rendent sur d’autres sites, qu’ils soient historiques, artistiques ou culturels, dans la ville de Brantford. Ils passent généralement la nuit sur place ou vont dans des restaurants et des magasins locaux. Donc, il y a certainement plus d’excursionnistes qui viennent nous rendre visite.
Certains visiteurs internationaux viennent de manière très spécifique, ils viennent dans la région, par exemple, pour aller à Niagara. Puis [nous sommes] un arrêt sur le chemin du retour vers l’aéroport, alors nous avons tendance à voir ça aussi.
Vous savez, en général, lorsqu’ils viennent, ils ne viennent pas nécessairement pour le musée ou nos galeries. Ils s’arrêtent dans notre boutique, ou ils demandent “où puis-je trouver ceci dans la communauté”. Ils recherchent souvent un article indigène fabriqué à la main, et c’est ce que nous aimons promouvoir.
[Shawn]
Janis a mentionné le tourisme de visite des amis et de la famille, ou ce que nous avons appelé dans la première partie de cet épisode, la visite des amis et des parents. Quoi qu’il en soit, il existe des groupes de touristes clés, en particulier pendant et après la pandémie.
À une échelle différente, le Shaw Festival de Niagara-on-the-Lake jouit d’une réputation internationale et d’une base de visiteurs très dévoués. Le festival se déroule sur les terres traditionnelles des Haudenosaunee, des Mississauga et de la Nation Neutre. J’ai parlé avec Tim Jennings, directeur exécutif du Shaw Festival, de leur capacité organisationnelle à compiler l’origine de leurs visiteurs. Comme Janis au Woodland Cultural Centre, Shaw a une bonne idée des autres activités auxquelles s’adonnent ses visiteurs en plus de participer à ses programmes.
[Tim Jennings]
Nous sommes très bons dans la gestion des relations. Nous savons exactement combien de personnes sont venues à nos spectacles, nous savons d’où elles viennent, nous en savons beaucoup sur elles. Nous posons des questions, nous envoyons des sondages avant et après chacun des spectacles pour obtenir plus d’informations et nous révisons ces informations.
Dans une année normale comme 2019, nous avons vu qu’environ 325,000 personnes sont venues au festival. La plupart de nos participants – puisque nous sommes un festival – voient plusieurs spectacles au cours d’une semaine. En haute saison, nous avons environ 12 productions distinctes, toutes présentées en une semaine. Franchement, vous pourriez aller voir trois ou quatre productions par jour, si vous le planifiez bien. Nous avons donc cet avantage: les Canadiens achètent environ six billets par foyer, les Américains environ dix billets par foyer, et ils restent longtemps.
La plupart des gens qui viennent ici pour des séjours plus longs ancrent leur séjour dans le Niagara autour de la participation au Shaw Festival. C’est un peu le point central. Ils font une série d’excursions d’une journée qui incluent plusieurs autres activités. Comme Niagara est la plus grande destination touristique du pays, il y a beaucoup à faire dans les environs. Ils visitent des vignobles, des restaurants, des sites d’agritourisme, comme la cueillette de pêches, ils vont dans les parcs, il y a tellement de parcs historiques dans la région.
Mais ils vont aussi dans des endroits comme Toronto. Ils prennent un bus pour Toronto ou vont jusqu’à Stratford pour y voir des spectacles. En fait, Stratford et nous en parlons, beaucoup de gens qui vont voir leurs spectacles restent à Niagara et voient notre spectacle et les spectacles [de Stratford]. Il y a beaucoup de croisements. Ensuite, ils vont au marché fermier de Kitchener-Waterloo ou ils essaient des aliments. Ce sont des omnivores culturels – ils vont à différentes activités et essaient différentes choses.
[Shawn]
Les omnivores culturels – c’est une excellente façon de décrire les touristes culturels et ça nous permet de recadrer la place des organismes artistiques et culturels dans l’écologie du tourisme. Comme l’a dit Tim, les visiteurs de Shaw ne sont pas là uniquement pour le théâtre.
Nous en saurons plus sur la variété d’activités et de produits touristiques qui intègrent les arts et la culture un peu plus tard. Revenons à Tim lorsqu’il parle de Shaw en tant qu’entreprise.
[Tim]
Lorsque j’enseignais la gestion des arts, l’une des choses que je disais souvent, c’est que les plus grands théâtres à but non lucratif ou charitable en Amérique du Nord sont de petites entreprises. Stratford, avec ses 1,000 personnes, est presque une entreprise de taille moyenne. Le Festival Shaw est une petite entreprise. Nous avons un budget de 34 millions de dollars par an et plus de 550 personnes travaillent pour nous. Nous sommes l’un des 20 plus gros employeurs de la région du Niagara, mais malgré ça, on est quand même une petite entreprise.
Je sais que c’est difficile à comprendre pour les gens. Il y a des gens qui dirigent des banques avec 50,000 employés sous leurs ordres, pas toute la banque, juste leur département. Nous n’existons pas dans ce monde. Notre budget est comparable au budget de papier de la banque TD.
Par contre, pour les arts, nous sommes une grande organisation – ou du moins pour le secteur de l’art caritatif. C’est un espace intéressant. Je parle beaucoup de l’industrie du théâtre commercial et nous ne nous ressemblons pas du tout. Nous nous ressemblons du point de vue d’un spectacle avec des spectateurs. Mais d’un point de vue structurel – comme les 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires du Roi Lion sur 20 ans – le reste du secteur du théâtre à but non lucratif réalise environ un dixième de ce chiffre par an. Ce n’est pas le même monde.
[Shawn]
Tim fait une remarque intéressante sur les différences structurelles entre le secteur à but non lucratif et le secteur à but lucratif et sur le fait que pour un spectateur, ces différences n’ont pas d’importance. Du point de vue du tourisme, cela signifie que les mêmes personnes qui vont voir des comédies musicales à gros budget comme le Roi Lion, comme l’a mentionné Tim, vont aussi voir des attractions à but non lucratif ou caritatives comme le Festival Shaw.
Meredith Armstrong nous offre une autre perspective sur l’aspect commercial des arts et de la culture dans l’écologie du tourisme. Elle est directrice du développement économique de la ville de Sudbury. Sudbury se trouve dans le territoire visé par le traité Robertson-Huron et constitue le territoire traditionnel des Premières nations Atikameksheng Anishnaabeg et Wanabate, et fait également partie de la nation métisse.
Meredith a parlé directement de l’importance du tourisme culturel et elle a souligné comment le secteur possède un large éventail de types de modèles d’affaires et certaines des façons dont ils s’imbriquent.
[Meredith Armstrong]
Qu’il s’agisse d’un artisan qui crée une expérience en montrant aux gens comment un produit est fabriqué et qui s’engage avec un public à différents niveaux – que ce soit numérique ou en personne avec des visites de studios – jusqu’aux symphonies ou une galerie d’art, où il y a une expérience qui peut stimuler le tourisme, ou même simplement un ajout agréable pour prolonger un séjour. C’est donc beaucoup plus fluide mais c’est un peu une arme à double tranchant. Nous pouvons le promouvoir comme quelque chose de très unique à notre communauté, mais ça nécessite aussi de tellement de facteurs pour rendre le tout cohérent.
Nous avons la chance d’avoir des grandes organisations et des partenaires qui peuvent offrir cette expérience culturelle. Ensuite, on peut rajouter ces entrepreneurs et start-up innovantes qui sont parfois plus vulnérables parce qu’ils dépendent des fonds publics.
[Shawn]
Kate Monk est directrice principale du développement du tourisme régénérateur et des communications chez Explorers’ Edge, ou Organisation touristique régionale 12. Son organisation fait connaître sa région comme la grande nature sauvage du Canada, juste au nord de Toronto. La région est constituée des terres et des cours d’eau traditionnels des Anishinabek, des Algonquins, des Mohawks et des Métis, et fait partie des territoires des traités Robinson-Huron et Williams.
Kate a parlé de certaines réalités pour les organismes artistiques et culturels que beaucoup d’entre vous connaissent, j’en suis sûr. Mais elle a également plaidé en faveur d’une réflexion plus large sur l’impact et a donné quelques exemples intéressants.
[Kate Monk]
Pour ces organisations, de pouvoir mesurer et avoir les ressources, quand il y a seulement une personne qui travaille et 20 membres du conseil d’administration, cette personne ne pourra pas tout faire! Il y a tellement d’avantages à pouvoir mesurer l’impact économique qui n’est pas directement lié à une chorale ou la danse.
Combien d’artistes ont réservé des chambres d’hôtel? Combien de repas ces artistes sortent-ils et prennent-ils pendant leur séjour? Combien de personnes viennent? D’où viennent-elles? Quelle est la distance qu’ils parcourent? Quelles sont leurs dépenses potentielles dans la région? Et en étant capable de quantifier tout ça, vous entrez en quelque sorte en mode commercial.
[Shawn]
Kate a également parlé de certains changements dans les modèles d’affaires au sein de l’industrie touristique qui indiquent vraiment le potentiel pour les arts et la culture d’être plus inclus. Elle a également démontré que le secteur des arts et de la culture dispose déjà d’une multitude de produits que nous pouvons offrir.
[Kate]
Notre industrie du tourisme a été construite sur l’industrie de la villégiature. Mais cette dernière a été quelque peu touchée par les locations à court terme et les locations de chalets non réglementées – sur lesquelles je ne porte pas de jugement, je ne fais que l’indiquer.
Ainsi, nous avons vu ces centres de villégiature indépendants et familiaux, dont beaucoup sont toujours en activité, mais probablement pas autant qu’avant. Si on les considère uniquement comme des hébergements, ils doivent s’assurer qu’ils ont toutes les accommodations. Mais si nous les considérons comme un patrimoine bâti, alors les possibilités peuvent être vraiment, vraiment incroyables.
J’aimerais voir les fournisseurs d’hébergement ou d’expériences se joindre avec les arts pour utiliser les chaînes d’approvisionnement. Par exemple, avoir des vêtements artisanaux ou des édredons d’artisans locaux dans les chambres des hôtels. Ou avoir les œuvres d’art des artistes – ce que font beaucoup de brasseries artisanales ici aussi – sur les murs, tout cela dégageant une impression de lieu. Et c’est là que l’art culinaire devient évidemment très évident, en raison des aliments locaux qui peuvent entrer dans la composition des plats – dans notre cas, des myrtilles. C’est ce genre de choses qui crée la destination plus que tout.
[Shawn]
Beth Potter est la présidente-directrice générale de l’Association de l’industrie touristique du Canada, ou AITC. Elle vit et travaille à Ottawa, qui est construite sur le territoire non cédé des Algonquins Anishinaabe. Ce qu’elle a vu souligne la valeur que les arts et la culture apportent au tourisme à l’échelle locale, et la façon dont ce que nous faisons est profondément apprécié par les touristes.
[Beth Potter]
L’une des choses que je dirai, une autre sorte de lumière brillante ou d’héritage qui est sortie de cette pandémie, c’est que je n’ai jamais vu notre industrie, y compris les arts et la culture, travailler aussi bien ensemble. La collaboration a été tout simplement incroyable.
En mettant l’accent sur la production nationale et le soutien local, nous constatons que les Canadiens apprécient plus que jamais les créateurs et les producteurs locaux. Je constate également que les Canadiens apprécient plus que jamais le Canada en tant que destination touristique. Nous l’avons entendu à maintes reprises au cours de cette pandémie, lorsque des gens n’ont pas pu voyager à cause des restrictions frontalières. Ils explorent différentes parties de leur pays qui ne figuraient même pas sur leur liste et ils sont très agréablement surpris.
Je pense que c’est l’un des points forts de ces deux dernières années: cette approche privilégiant les habitants et le soutien mutuel. Je ne sais pas combien d’entrevues j’ai faites, où j’ai dit, “sortez, soutenez les locaux, parce que les locaux sont vos voisins”. Et ça c’est vraiment la vérité.
[Shawn]
Ce que j’entends aussi de Beth dans cette partie de ma conversation avec elle, c’est l’importance des relations locales. La pandémie ayant complètement perturbé les secteurs du tourisme et des arts et de la culture, nous avons dû nous intéresser de plus près à nos relations avec les communautés locales. L’établissement de relations locales au-delà des clivages sectoriels est un principe fondamental de la gestion du tourisme.
Dans les prochains épisodes, vous découvrirez des moyens d’établir des liens avec le tourisme, ainsi que des idées sur les types de ressources disponibles dans votre région.
Pour terminer cet épisode. Je fais revenir Tova Arbus de Fringe North dans la conversation, car elle a parlé très sincèrement de quelque chose que beaucoup d’entre nous ressentent.
[Tova]
Je suis vraiment curieuse et intéressée par cette période de découverte pour nous tous, alors que nous trouvons des moyens de réouvrir et de renouveler après la COVID, alors que nous trouvons des moyens de nous reconnecter avec nos communautés en tant que collaborateurs, et de découvrir de nouveaux aspects dans ce que nous créons, surtout en ce qui concerne la façon dont ils se rapportent les uns aux autres.
[Shawn]
Et encore une fois, nous entendons combien les relations sont et seront importantes.
Eh bien, nous avons atteint la fin de l’épisode sur la gestion du tourisme. Nous espérons que les idées de la première partie, ainsi que les ressources du site web de la Fête de la culture de l’Ontario, vous ont donné des outils concrets pour commencer à réfléchir à la façon de travailler avec le tourisme dans votre communauté ou votre région. Nous espérons également qu’à travers les conversations que nous avons eues avec les gens sur le terrain dans la deuxième partie, vous aurez des liens que vous pourrez partager à votre propre travail et organisation.
Dans le prochain épisode, nous étudierons comment commercialiser le tourisme. Vous entendrez parler de marketing de destination, de la définition d’arguments de vente pour attirer les visiteurs, de la mesure du succès du marketing et de certaines aides gouvernementales pour les organisations artistiques et culturelles. Et, encore une fois, nous parlerons avec certaines des mêmes personnes qui, dans le monde réel, font des choses étonnantes.
Nous aimerions entendre parler de tout ce que vous et votre organisation mettez en place, en particulier lorsqu’il s’agit de travailler avec le secteur du tourisme. Pour nous parler de votre travail, ou pour en savoir plus sur le nôtre, visitez notre site à onculturedays.ca ou envoyez-nous un courriel à info@onculturedays.ca.
Je m’appelle Shawn Newman et je suis l’animateur du Salon de départ de la Fête de la culture de l’Ontario. Cette baladodiffusion a été rendue possible grâce au soutien de la province de l’Ontario et du Conseil des Arts du Canada. Merci également à nos six experts présentés dans la deuxième partie, et merci à vous d’avoir écouté.